
J’ai essayé pour vous…Arrête avec tes mensonges de Philippe Besson
J’ai recopié sur une page de mon Bujo la liste des livres qui auraient été les plus populaires en 2017 selon Babelio. Depuis, dès lors que l’un d’entre eux sortira en livre de poche, il est tacitement convenu avec moi même que je ferai l’effort de le lire. Ceci histoire de découvrir de nouveaux auteurs et de nouveaux genres. Peut être que cela me passera avant que je n’arrive à la fin de la liste.
Quoi qu’il en soit, courant Janvier, Arrête avec tes mensonges de Philippe Besson parait en format poche. Et putain quelle claque.
Quel genre littéraire ?
Je commence ma lecture sans me renseigner sur ce qui m’attends. Sur la couverture, une banderole rouge vous indique qu’il a remporté le prix Maison de la presse. Un auteur que je n’ai jamais lu. Une rapide biographie d’une page vous accueille et vous apprend que c’est loin d’être son premier roman et qu’il a également contribué au cinéma et théâtre français. En qualité de scénariste pour le premier, dramaturge pour le second.
Le style d’écriture m’a d’emblée surprise. Des phrases qui tiennent sur une page entière sans qu’elles ne perdent leur sens en chemin. Rare. Elles sont au contraire d’une limpide clarté ne nécessitant aucune relecture.
Cela se passe « un jour », et décrit une scène. Qui ne s’achève pas. La dernière phrase s’interrompe par il se retourne et. Puis on nous annonce chapitre un 1984.
Je retourne le livre pour lire la quatrième de couverture.
« Quand j’étais enfant, ma mère ne cessait de me répéter : « Arrête avec tes mensonges. » J’inventais si bien les histoires, paraît-il, qu’elle ne savait plus démêler le vrai du faux. J’ai fini par en faire un métier, je suis devenu romancier. Aujourd’hui, voila que j’obéis enfin à ma mère : je dis la vérité. Pour la première fois. Dans ce livre. Autant prévenir d’emblée : pas de règlement de comptes, pas de violence, pas de névrose familiale. Mais un amour, quand même. Un amour immense et tenu secret. Qui a fini par me rattraper ».
Cet homme a écrit un important nombre de romans, et il a fallu que je commence par sa première autofiction. Arf cela ne va t-il pas être ennuyeux? J’ai repris ma lecture. Je l’ai fini en deux jours.
Une histoire d’amour
En trois chapitres, l’auteur décrit son premier amour. Ce qui s’est passé en 1984. La rencontre en 2007 qui a fait resurgir ce fantôme du passé (suite de la scène introductive). Et enfin en 2016 le dénouement de l’histoire. L’identité de l’auteur semble s’être fortement construite grâce et autour de cette rencontre. Elle a manifestement défini et alimenté une grande partie des héros de ses romans.
Le sujet parait d’une grande banalité. Mais l’écriture est tellement belle qu’elle vous accroche. Les mots sont choisis avec une grande justesse. Sans interprétation possible. Les sentiments sont livrés sans filtres ni pudeur. Deux personnes d’une grande sensibilité qui vivent leur différence de façon diamétralement opposée. L’une en se cachant. Et l’autre d’une grande lucidité sur ce qui la définit, n’ayant jamais effleuré l’idée de pouvoir se comporter autrement qu’en étant pleinement comme elle est. Cette lucidité lui apportant une immense force intérieure. Contribuant certainement à cet exposé blanc et sans nuance des événements tels qu’ils ont été, vécus et ressentis. Si je m’étais renseignée sur le sujet du livre je ne l’aurai probablement jamais lu. Fort heureusement je ne m’étais pas renseignée, et j’ai pu découvrir cet auteur. Je lirai certainement ses romans, maintenant que je suis mordue de son style.
Cela faisait une éternité que je n’avais pas lu un livre aussi bien écrit. C’est pourtant assez rare que je fasse autant passé le contenu de l’histoire au second plan. En général je m’attache davantage à l’histoire et pardonne aux auteurs un style maladroit du moment que l’intrigue est palpitante. Ici ce fut le contraire, et ce fut une parenthèse littéraire agréablement surprenante.
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