
J’ai essayé pour vous…La Trilogie Vernon Subutex
En 2015 sortaient les deux premiers tomes de la trilogie. Deux ans après, le dernier tome paraissait. En ce début de mois de mai, l’intégralité de la trilogie est désormais disponible en format Poche. Et donc tout naturellement je les ai lu. D’autant que j’avais adoré Apocalypse Bébé. C’était l’occasion à la fois de poursuivre la sélection 2017 de Babelio et retrouver le style mordant de Virginie Despentes.
Tome 1
Le tome 1 trace la déchéance de Vernon Subutex, un disquaire dont l’affaire fait faillite et qui va se faire bouffer par le système. Lentement mais surement il va perdre un à un tous ses repères jusqu’à finir à la rue. Dans cette descente il retrouve, avec la pudeur qu’exige sa situation pour ne pas perdre le peu d’estime qui lui reste de lui-même, d’anciennes connaissances pour quémander un peu d’aide. L’occasion pour V. Despentes de décrire toute une série de personnages hauts en couleurs, différents et à la fois semblables dans leurs galères, leurs tracas, leurs soucis, leurs sensibilités aussi.
Tout ceci est décrit avec son style bien à elle, trash, cynique, un brin sordide. Une belle satyre de notre société actuelle.
Tome 2
Il aurait peut-être été de bon ton de boucler l’histoire au tome 1. Car ensuite j’avoue, j’ai complètement décroché.
Dans le tome 1 beaucoup de monde recherche Vernon pour avoir accès à des cassettes qui sont le testament d’un chanteur très connu. Ce chanteur était un ami de Vernon, sa principale ressource financière et lui avait laissé ces cassettes un soir de beuverie. Il y a un tel tapage autour de ces cassettes que l’on s’attend à la révélation du siècle quand les bandes sont enfin écoutées. Le délire de vengeance qui s’en suit m’a énormément affligé. Ajoutez à cela Vernon érigé en gourou et vous obtenez un mélange très curieux. Tous ces jeunes vieux pétri de remords d’avoir laissé Vernon Subutex finir à la rue qui viennent sympathiser avec les clochards, j’ai eu du mal.
Tome 3
Le groupe, pour ne pas dire secte, organise des convergences au cours desquelles Vernon balance des sons, en utilisant ceux légués par son pote chanteur mort, qui mettent son public en transe sans avoir besoin d’user de stupéfiants. Puis pour plusieurs raisons le groupe retourne sur Paris. Nous sommes en pleine actualité des événements de fin 2015 (Bataclan) au Printemps 2016 (Nuits debout). Et chacun des personnages y va de son discours politico-haineux.
Cela devient pathos, redondant, ennuyant, au bout d’un moment ça en devient chiant. Un mélange de discours agressifs et revanchards, mêlés à des délires new-age. Et puis ça devient carrément glauque et mise sur la peur des gens. Il n’y a aucune lueur d’espoir. Vous n’avez plus qu’à vous tirer une balle après votre lecture en vous demandant « à quoi bon. »
La revanche consécutive à la vengeance commise dans le tome 2 atteint le high score de ce que l’humanité peut avoir de plus con et abject. La jeune fille qui met un point finale à toute cette histoire n’est pas sans rappeler Valentine (Apocalypse bébé).
Quand aux 5 dernières pages, je ne comprends pas ce qu’elles viennent faire là. On bascule d’un coup dans de la science-fiction. Cela en devient presque de l’autodérision.
Cela m’a dérangé que l’auteure face référence aux événements du Bataclan et utilise l’angoisse que cet événement a généré pour alimenter la fin de sa trilogie. Faut-il comprendre qu’à la fin du tome 2 elle manquait d’inspiration pour faire aboutir sa fiction?
Conclusion
Personnellement, je n’ai pas aimé les tomes 2 et 3. J’ai adoré le premier où j’ai retrouvé le dosage de cynisme et d’humour noir qui m’avait plu dans apocalypse bébé. La suite traîne en longueur. Le format trilogie n’était pas forcément adapté.
Mais peut être n’étais-je pas dans le bon état d’esprit pour apprécier ce type de lecture lorsque je me suis lancée dans les deux derniers tomes. Si vous les avez lu, votre propre avis m’intéresse.
A savoir que la trilogie fait l’objet en ce moment d’une adaptation en une série télé, par Canal+. Franchement peu probable que j’essaie pour vous, mais sait-on jamais 😉