J’ai essayé pour vous…Les Choses humaines de Karine Tuil

Les Choses humaines

Les Choses humaines est paru en Août 2019. Ce roman des éditions Gallimard a remporté la même année les Prix interallié et Goncourt des Lycéens. Les Babelionautes l’ont classé 17ème des livres les plus populaires de 2019.

L’histoire et le style d’écriture

L’auteure décide de surfer sur la vague polémique qui a suivi les mouvements #metoo et #balancetonporc. Son écriture est intelligente.

Elle prend le parti audacieux de ne justement pas prendre parti. C’est donc avec beaucoup de recul, et un style très journalistique, qu’elle va prendre le temps de décrire dans les moindres détails les membres de la famille Farel : le père, la mère et le fils. Puis, un peu plus rapidement néanmoins, ceux de la victime.

Une fois ceci fait surviennent « les 20 minutes » qui vont faire basculer la vie des deux jeunes gens.

S’en suit alors la description du parcours du présumé innocent jusqu’à ce qu’il ai été prouvé qu’il est coupable. Les interrogatoires, la pression sociale et médiatique, le passage par la case prison, les 5 jours de cour d’assise qui surviennent enfin après 2 ans d’instruction, le verdict.

Mon humble avis sur Les Choses humaines

De façon générale, j’ai mis beaucoup de temps à finir la lecture de ce roman. C’est donc bien qu’il ne m’a pas passionné au point de ne pouvoir le lâcher. La partie de présentation des membres de la famille est trop longue. Beaucoup de paragraphes sont consacrés au père, pour illustrer encore s’il était nécessaire ce que l’on avait déjà saisi.

Vient ensuite la violence des deux années d’instruction. Innocent ou pas, ils n’en savent encore rien et peu leur importe, cette période est un enfer autant pour la victime que son présumé violeur.

La partie la plus intéressante est ce qui se joue au tribunal. Un lieu où l’on se doit de juger une personne selon un cadre légal et non pas selon sa propre moralité en matière de sexualité.

On assiste aux événements sans jamais entrer dans la tête des protagonistes autres que les trois membres de la famille Farel. Que pensent les jurés? Que pense la Juge? Que pense la victime? Nous n’avons que leurs actes et leurs paroles.

Deux attitudes très humaines sont mises en avant. Si votre fils est accusé de viol, vous allez refusé d’y croire. Si votre fille affirme qu’un type l’a violée, vous aller vouloir le tuer.

L’auteure néanmoins ne prend pas trop de risque en finalité.

Son roman a néanmoins le mérite, s’il est lu par des lycéens, de leur faire prendre la pleine mesure de la notion de consentement. J’aurai aimé qu’elle creuse davantage la notion de zone grise qu’elle mentionne sans plus. Ce ni oui ni non qui laisse libre court à l’interprétation des participants et qu’il est si difficile à posteriori de qualifier.

J’ai essayé pour vous Luca de Franck Thilliez

Luca

Luca parait en Mai 2019 aux Editions Fleuve Noir. Il paraîtra en format poche le 4 Juin prochain. Les Babelionautes l’ont classé huitième des livres les plus populaires de 2019. Il semble que chaque année le roman de Franck Thilliez y ai sa place.

L’Histoire de Luca

On retrouve l’équipe de Franck Sharko et Lucie Henebelle du 36 quai des Orfèvre désormais relocalisée au Bastion. Dans Sharko, l’auteur s’était beaucoup intéressé à ce couple en parallèle de l’enquête. Du coup, cette fois, même s’ils sont toujours bien présents, c’est plutôt le personnage de Nicolas Bellanger, un autre des membres historiques de cette équipe, qui est davantage travaillé en terme de vécu personnel.

Tout commence par la conception illégale d’un enfant et cette phrase mystérieuse le concernant : « La lumière attire aussi les ombres ».

Puis on attaque fort et sans transition, 8 mois plus tard, sur une scène de crime atroce que rien ne rattache à cet enfant. Et dans la même journée, un homme décède devant le Bastion, une enveloppe marquée du sceau d’un hacker connu des services, revendiquant leur attention. Il l’a.

Une course contre la montre s’engage face à ce dangereux personnage qui menace d’exécuter deux personnes qu’il a enlevé. Mais ce n’est ici que la partie émergée d’un iceberg bien plus glaçant.

Le style d’écriture

Des trois romans de Thilliez que j’ai pu lire, je trouve celui-ci extrêmement bien amené et dosé.

On retrouve le soucis d’une riche documentation sur les sujets abordés avant de se lancer dans l’écriture, afin de rendre le tout extrêmement plausible.

Deux mouvements de pensée vont soutenir les thèses criminelles à l’origine de l’intrigue. D’une part la puissance des GAFA: le pouvoir que nous leur donnons en leur laissant exploiter nos données à caractère personnel. D’autre part les notions d’éthique en génétique face aux plus extrêmes des transhumanistes.

Le tout est très addictif et vous ne devriez pas pouvoir le lâcher avant d’arriver au terme de votre lecture 😉

J’ai essayé pour vous…Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon de Jean-Paul Dubois

Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon

Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon parait en Août 2019 aux Editions de L’Olivier. Il a remporté la même année le prix Goncourt. Les Babelionautes l’ont classé sixième des 19 livres les plus populaires de 2019.

L’histoire

Jean-Paul Dubois narre l’histoire de vie de Paul Hansen. Naît d’un père Danois, Pasteur, et d’une mère Toulousaine, régisseuse d’un cinéma « art et essais ».

Lorsque l’histoire débute, Paul est incarcéré dans une prison du Canada et partage sa cellule avec un membre des Hells Angels incarcéré pour meurtre.

En alternant entre des scènes de son quotidien carcéral et des scènes de son passer, nous allons retracer le chemin de vie qui l’a amené à finir dans cette cellule (et découvrir accessoirement de quoi il est exactement accusé).

Le style d’écriture

J’ai beaucoup apprécié la plume de Jean-Paul Dubois. C’est le premier de ses romans que je lis alors qu’il semble plutôt prolifique comme auteur.

C’est avec beaucoup de simplicité et d’humour noir qu’il nous retrace cette vie. Cette vie riche mais simple à la fois, avec ses déboires et ses bonheurs, somme de rencontres et de décisions multiples.

En effet tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon. Nous en sommes tous conscients. Et c’est toujours instructif de se pencher sur des trajectoires de vie. Celle de Paul mais également celles des personnes qu’il a côtoyé tout au long de sa vie.

C’est également intéressant de reprendre la chronologie de cette vie et de se poser à posteriori les questions « et si… ». Qu’est ce que Paul aurait pu faire autrement pour s’éviter la case Prison du grand Monopoly ?

J’ai essayé pour vous…Surface de Olivier Norek

Surface

Surface de Olivier Norek est paru aux éditions Michel Lafon en Avril 2019. Il sort en format Pocket d’ici quelques jours (le 12/03/2020). Les Babelionautes l’ont classé second des 19 livres les plus populaires de 2019.

Surface : l’histoire

Olivier Norek prend le temps de camper le personnage de son enquêtrice Noémie. Et c’est appréciable. On s’attache très vite à elle. Les scènes d’hospitalisation nous font forcément penser à Philippe Lançon. Mais le parallèle s’arrêtera très vite, l’hospitalisation ne durant qu’un mois.

Noémie se fait écarter par sa hiérarchie en raison de l’affreuse balafre héritée sur le champ de bataille qui pourrait faire flipper les petits copains. On l’envoi à la campagne où elle tourne en rond comme un lion en cage. Un cold case émerge dont elle refuse de s’occuper dans un premier temps, car elle n’a qu’un souhait, revenir au Bastion. Grace à son formidable psychiatre, elle y verra l’occasion de montrer à Paris qu’on n’écarte pas les héros.

Commence alors l’enquête à proprement parler. Oui, nous sommes bien dans un polar, et il est sacrément bien ficelé.

Le style d’écriture

Ce polar m’a énormément fait penser à La disparition de Stephanie Mailer de Joël Dicker. Donc pas de serial killer psychopathe qui fait dans le sordide avec du sang partout. Une enquête de police, qui doit s’intéresser au pourquoi, qui, comment, en allant fouiller dans le passé des personnes impliquées.

On sent bien que l’auteur maîtrise son sujet et est familier des procédures. Rien ne sonne faux. Les réactions des personnages sont criantes de vérité. J’aime beaucoup la façon dont les policiers sont mis en avant, qu’ils soient d’un commissariat de campagne, de la brigade fluviale, ou de la police judiciaire. Un très bel hommage au caractère héroïque de leur engagement.

Un excellent moment de lecture.

J’ai essayé pour vous…Né d’aucune femme de Franck Bouysse

Né d'aucune femme

Né d’aucune femme de Franck Bouysse est paru aux éditions la manufacture de livres en Janvier 2019. Il est le livre préféré des Babelionautes ( classé donc 1er des 19 livres les plus populaires de 2019). Il a également reçu entre autres le prix des libraires 2019.

Bon autant vous le dire d’entrée, je n’ai pas été transportée par ce roman, je suis certainement passée à coté de quelque chose.

Né d’aucune femme : l’histoire

Plutôt que de raconter d’entrée l’histoire de Rose, l’intrigue se noue savamment par un présent autour du personnage du Père Gabriel. Ce dernier reçoit une confession pour le moins intrigante qui va l’amener à découvrir l’histoire de Rose au travers de ses écrits.

On se retrouve donc dans le passé pour prendre connaissance des malheurs qu’elle a traversé. Le roman se découpe en chapitre qui portent la parole des différents protagonistes : Rose, son père, sa mère, Edmond etc.

Parfois le protagoniste reste mystérieux : l’homme, l’enfant, elle etc. Ce qui permet d’ajouter un peu de fumée à l’intrigue.

Je ne vais pas vous raconter le roman, vous avez peut être prévu de le lire. Mais je n’ai pas trouvé grande originalité à l’histoire. Le registre des femmes qui ont vécu des atrocités a été largement visité par de nombreux auteurs.

Le style d’écriture

L’auteur s’est efforcé d’avoir un style d’écriture propre à chacun des protagonistes selon le chapitre traité. De sorte à coller à leur état d’esprit, leur âge, leurs sentiments.

Malgré cela je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages.

L’absence du respect des règles de la ponctuation lors des dialogues qui permet de savoir lorsque l’on passe de l’un à l’autre des interlocuteurs m’a grandement agacée. Et je ne suis plus arrivée à passer outre la forme pour pouvoir me faire absorber par le fond.

Bon bref je n’ai pas aimé, ce n’est pas un drame, à priori beaucoup de monde à l’inverse a apprécié ce roman.

Je pense que j’ai besoin de me plonger dans un roman fantastique et faire une pause sur la liste Babelio des romans « sérieux » ^^