
J’ai essayé pour vous…Chut les enfants lisent Michka
Ces deux dernières semaines je vous ai présenté des albums illustrés par Olivier Tallec. Cette semaine j’avais envie de commencer les contes de Noel. C’est donc tout naturellement que je vous présente l’édition spéciale 80 ans du Père Castor du conte de Noel Michka, qui pour l’occasion a été illustré par M. Tallec.
Ce conte de Noel de Marie Colmont a été édité pour la première fois en 1941. Cette nouvelle édition est venue donner un coup de neuf à des illustrations un peu vieillottes, plus vraiment adaptées aux goûts actuels. L’occasion de faire découvrir aux nouvelles générations un conte que je trouve très poétique.
On y retrouve tous les éléments de partage et de générosité d’un bon conte de Noel.
Résumé de l’histoire
Michka, un petit ours en peluche, décide de quitter la petite fille capricieuse dont il est le jouet. Il décide d’ailleurs de s’affranchir de son statut d’ours en peluche et d’aller vivre dans la foret comme un vrai ourson. En chemin il apprend que c’est le soir de Noël, le soir où chacun doit faire une bonne action : aider son semblable, secourir les malheureux, réparer les injustices…
Il croise ensuite le Renne de Noël qui sans trop d’explications l’invite à monter sur son traîneau pour l’aider à distribuer les cadeaux. Michka trouve cela très amusant mais se demande ce que devient sa bonne action à faire dans tout ça.
Enfin, ils finissent la tournée devant la maison la plus misérable où vit un petit garçon malade. Cependant la hotte est vide. De lui même Michka finit par comprendre et accepter le fait que sa bonne action est de sacrifier sa liberté en redevenant un ours en peluche pour la plus grande joie de ce petit garçon.
Alors certes cela fait très moralisateur, mais je ne trouve pas cela choquant d’en faire un peu trop parfois pour inviter les enfants à comprendre que Noel n’est pas forcément synonyme d’une surabondance de cadeaux. D’un coté nous avons une petite fille odieuse qui vit dans une belle maison avec de nombreux jouets, mais que son ours en peluche n’aime pas. Et de l’autre un petit garçon qui n’a rien mais qui va avoir tout l’amour de ce même petit ours en peluche. Et d’eux même les enfants comprennent la morale de l’histoire sans qu’il ne soit nécessaire d’en rajouter une couche.
Les illustrations
On apprécie les illustrations en double page qui mettent bien en avant la liberté des grands espaces nouvellement acquise par Michka. La forêt enneigée. Les beaux yeux longs et profonds du Renne de Noel. Le traîneau rouge caractéristique de cette fête qui vient trancher sur le blanc de la neige. Rien n’est superflu. On peut se contenter aussi de tourner les pages en regardant juste les illustrations sans lire le texte et laisser l’enfant s’en souvenir et le raconter à sa façon.
Ceci est ma participation à Chut les enfants lisent, organisé par Devine qui vient bloguer ?
Cette histoire me plait beaucoup 🙂 Merci pour ton avis.
Dommage, je ne trouve pas l’édition que tu présentes. J’en ai vu une autre sur amazon mais les illustrations me plaisent moins
La version avec les illustrations de Tallec est encore disponible sur le site de la fnac et sur commande sur le site de sauramps 😉
J’ai littéralement été traumatisé par ce conte. Conte de 1947, toute une époque d’éducation aussi, c’était « Autrefois » ! Effectivement, nous vivons dans une société de surabondance, et la notion de « bonne action » pour Noël a complètement disparu. Voilà, c’est la seule remarque positive que je ferai sur ce compte. Dans mon enfance, j’avais le livre disque que présente ce lien :
https://www.youtube.com/watch?v=0xoA2OyD1vg.
Il m’avait été offert par une tante, mes parents n’avaient pas les moyens de nous offrir beaucoup d’histoires pour enfants. Le nombre de fois où j’ai pleuré en entendant ce conte… J’ai eu une éducation extrêmement moralisatrice, c’était terrible, ma mère était intransigeante, mon père sévère, et j’avais à peine droit à l’erreur, ça n’allait jamais parce que mes parents n’allaient jamais bien, c’était souvent les cris à la maison entre eux, voire même les coups. J’ai été élevé aux coups aussi, auxquels je ne comprenais pas toujours la raison…Ce conte a représenté un point central de la névrose qui s’est développée en moi, étais-je l’ours en peluche, le petit garçon malade (j’ai été gravement malade dans mon enfance), ou bien Elisabeth, ou bien encore ces oies qui mettent en garde, parce que prendre la fuite et trouver sa liberté face à la tyrannie, suivre son propre chemin, construire sa vie d’adulte en somme, c’est être coupable de ne penser qu’à soi… Cette fin est terrible, c’est bien gentil de se sacrifier pour un petit garçon malade, mais je ne vois pas d’amour là-dedans. En aucun cas il est dit dans ce conte que Michka va enfin trouver de l’amour et être mieux traité, ce petit garçon malade est peut-être psychotique et va en faire des lambeaux. Ce conte est sinistre, ces dessins m’ont toujours fait peur, cette voix d’homme qui raconte cette histoire n’a rien de rassurant, cette forêt triste et menaçante que Michka traverse sous le ciel gris n’a rien de très amusant en vérité. Et le pire dans tout ça pour moi, c’est qu’il m’a fallu des décennies pour analyser et savoir pourquoi, même adulte, je pleurais systématiquement à la fin de cette histoire. Je voulais faire part de mon histoire autour de ce conte parce que les contes pour enfants, s’ils sont aussi un pilier de notre construction psychique (contes de Grimm, Perrault notamment), voire « psychanalyse des contes de fées » de Bruno Bettelheim, doivent être écrits avec une morale qui construit l’individu. Le sacrifice de sa vie après des joyeux moments de liberté, ce que représente cet ourson, n’est pas nécessairement une bonne action dans l’esprit d’un enfant, c’est plutôt mettre des barreaux à sa vie d’adulte. A moins de s’engager dans les ordres…