J’ai essayé pour vous…Un appartement à Paris de G. Musso

Un appartement à Paris

J’ai essayé pour vous…Un appartement à Paris de G. Musso

Vous n’avez pas pu passer à coté de la sortie en format Poche de ce livre. On en voit des présentoirs garnis à tous les coins « librairie » des supermarchés. Je ne vais pas non plus vous faire l’insulte de vous présenter Guillaume Musso. En effet il s’agit de l’auteur français contemporain le plus lu. De fait, tout le monde en a forcément entendu parlé à défaut d’avoir lu ses livres. Pour ma part j’avoue ne pas en être une lectrice assidue. Mais je poursuis la liste Babelio histoire de diversifier mes lectures et ne pas lire que du Fantastic.

Comment cela commence

Ayant lu la Fille d’avant  il y a tout juste quelques semaines, je n’ai pas pu m’empêcher de suite de faire le parallèle entre les deux romans.

  • Le minimaliste One folgate street laisse place ici à Cursum Perficio, un atelier d’artiste : l’Appartement à Paris. On comprend de suite que ce lieu atypique en plein Paris va être au centre de l’intrigue à l’image du One Folgate Street.
  • Le roman débute sur le périple entrepris par les deux protagonistes principaux de l’intrigues pour déjà atteindre cet appartement avant qu’il ne puisse leur livrer ses mystères : Gaspard Coutances et Madeline Greene. Leurs histoires sont déroulées par alternance de chapitres traitant de l’un puis de l’autre, à l’image de la fille d’avant et celle d’aujourd’hui. A la différence que les deux trames se déroulent ici simultanément et se croisent à l’occasion de chapitres en commun.
  • Enfin, dans les deux romans, le désir d’enfant des deux héroïnes est prégnant.

Le parallèle s’arrête ici. L’Appartement à Paris n’est pas un thriller psychologique mais un roman policier.

A quoi s’attendre?

Vous allez vivre l’enquête que vont mener Gaspard et Madeline. Petit à petit l’histoire tragique du peintre Sean Lorenz, de son épouse Pénélope et de leurs fils Julian va se révéler. L’enquête se déroule sur un rythme intense. Elle débute le 20 décembre au milieu de l’hiver. Et se termine à peine quelques jours plus tard le 25 décembre. La lecture du roman est tout aussi rapide. Petit à petit le lecteur reconstitue en même temps que les deux héros la trame de ce qui s’est produit il y a deux ans. Cette enquête permettra également aux deux héros de dompter leurs démons familiers et d’en ressortir grandit.

Bien que la narration de l’essentiel du roman se fasse d’un point de vue externe, se limitant aux faits tels que vécus par les protagonistes et à leurs pensées, 4 paragraphes font exception. Ceux là expriment à la première personne le vécu intérieur d’une scène pour apporter un éclairage différent. Ils délivrent une émotion qui ne fait pas parti des éléments de l’enquête mais qui est apportée au seul lecteur afin de lui permettre de mieux cerner le pourquoi de certaines réactions. Le premier est dédié à Gaspard et les trois autres à deux personnages secondaires.

Mon humble avis

Une enquête qui rebondit tranquillement d’indices en indices dont certains arrivent peut être un peu facilement. Nous dirons que c’est la magie de Noël qui opère et qui pousse les gens à plus de nostalgie et à se livrer ainsi plus facilement. La trame de ce qui s’est passé il y a deux ans est sombre à souhait. Mais dans la façon dont le déroulé des événements est reconstitué petit à petit par les deux enquêteurs improvisés, je pense qu’il y avait moyen d’être un peu plus exigeant. Certaines facilités scénaristiques auraient pu ainsi être évitées.

Des héros un peu trop bourrus à mon goûts et aux réactions exagérées, mais qui sont néanmoins attachants. J’aime beaucoup l’évolution de Gaspard. J’avoue qu’avec le personnage de Madeline j’ai eu un peu plus de mal.

L’univers artistique du peintre Sean Lorenz, ses œuvres, sont décrites avec tellement de précision que l’on se prend d’envie d’aller voir une de ses expositions. Sauf qu’il est totalement fictif. G. Musso précise qu’il est la cristallisation de plusieurs peintres dont il apprécie le travail. Finalement il constitue indirectement le personnage principal de l’histoire.

Dans l’ensemble une enquête policière agréable à lire. J’ai passé un bon moment bien que je ne me soit pas prise pour autant d’une envie soudaine d’aller dévorer l’intégral des précédents romans de l’auteur.

 

J’ai essayé pour vous…La fille d’avant

La fille d'avant

J’ai essayé pour vous…La fille d’avant

 

Dans un précédent article je vous expliquais ma liste de lectures prévisionnelle pour 2018 et le fait d’attendre que les livre concernés sortent en format poche pour des questions de place et d’économie.

Le dernier de cette liste, paru en format poche donc : La fille d’avant, de JP Delaney. Sous ce nom d’auteur vous ne trouverez aucun autre livre à son actif car il s’agit d’un pseudonyme utilisé pour la première fois. Ce thriller psychologique aurait reçu le prix des lecteurs sélection 2018 (macaron donnant cette info sur la couverture). Il serait en cours d’adaptation au cinéma par Ron Howard. (Que l’on attend au tournant en Mai pour la sortie de Solo: a star wars story, mais c’est une autre histoire).

L’ histoire justement

L’action prend place dans une demeure d’architecte au style minimaliste: le One folgate street. Cette demeure bénéficie d’une technologie de pointe en matière de contrôle d’environnement.  Son propriétaire la loue à un prix dérisoire par rapport à son emplacement et l’espace qu’elle offre. Cependant ses conditions de location sont inhabituelles. En effet il se permet de refuser les candidats sans motif, si les réponses au questionnaire de demande de location ne lui conviennent pas. Le projet de l’architecte est que la maison rende son occupant plus exigent envers lui même. Dans son raisonnement le locataire devrait ainsi tendre vers la perfection. Il n’accepte que les candidats qui lui semble être prédisposés à pouvoir accepter les règles et les sacrifices que cela implique.

Au fil de l’histoire l’occupante actuelle apprend l’histoire tragique qui entoure cette maison et qui semble se répéter. L’architecture minimaliste du lieu qui donnait initialement un sentiment de force et de protection laisse place au sentiment d’être dans un mausolée. Le comportement excentrique et dirigiste de l’architecte rajoute au trouble de la fille d’aujourd’hui. D’autant qu’il semble avoir créé avec elle une liaison en miroir de celle qu’il entretenait avec la fille d’avant. Elle  décide d’enquêter pour sa propre protection.

Le style d’écriture

Fluide et facile d’accès, le roman se termine en une petite semaine. Le découpage du texte est intéressant. Vous alternez les chapitres intitulés Maintenant : Jane et ceux intitulés Avant : Emma. Ce alternance met en exergue la symétrie des histoires de ces deux jeunes femmes. Le roman étant d’entrée annoncé comme un thriller psychologique on se doute que la fille d’avant n’a pas dût avoir une fin heureuse. Et plus la symétrie avance plus on commence à craindre pour Jane. A la moitié du livre je craignais que la conclusion soit trop évidente et que cela du coup me déçoive. Je n’ai pas été déçue, c’était intéressant.

Mon humble avis

Le thriller psychologique n’est pas forcément la catégorie que je préfère mais c’était bien. Un moment de lecture agréable. Des personnalités intéressantes, bien recherchées. Un scénario bien ficelé. Le tout est très bien écrit et cohérent. Pour les amateurs du genre ce serait dommage de passer à coté. Il y a eu beaucoup de critiques positives très enthousiastes du type « un thriller psychologique poussé dans des retranchements rarement explorés« . Je n’irai peut être pas jusque là non plus mais c’est un très bon roman.

 

 

 

J’ai essayé pour vous…Arrête avec tes mensonges de Philippe Besson

J’ai essayé pour vous…Arrête avec tes mensonges de Philippe Besson

 

J’ai recopié sur une page de mon Bujo la liste des livres qui auraient été les plus populaires en 2017 selon Babelio. Depuis, dès lors que l’un d’entre eux sortira en livre de poche, il est tacitement convenu avec moi même que je ferai l’effort de le lire. Ceci histoire de découvrir de nouveaux auteurs et de nouveaux genres. Peut être que cela me passera avant que je n’arrive à la fin de la liste.

Quoi qu’il en soit, courant Janvier, Arrête avec tes mensonges de Philippe Besson parait en format poche. Et putain quelle claque.

Quel genre littéraire ?

Je commence ma lecture sans me renseigner sur ce qui m’attends.  Sur la couverture, une banderole rouge vous indique qu’il a remporté le prix Maison de la presse. Un auteur que je n’ai jamais lu. Une rapide biographie d’une page vous accueille et vous apprend que c’est loin d’être son premier roman et qu’il a également contribué au cinéma et théâtre français. En qualité de scénariste pour le premier, dramaturge pour le second.

Le style d’écriture m’a d’emblée surprise. Des phrases qui tiennent sur une page entière sans qu’elles ne perdent leur sens en chemin. Rare. Elles sont au contraire d’une limpide clarté ne nécessitant aucune relecture.

Cela se passe « un jour », et décrit une scène. Qui ne s’achève pas. La dernière phrase s’interrompe par il se retourne et. Puis on nous annonce chapitre un 1984.

Je retourne le livre pour lire la quatrième de couverture.

« Quand j’étais enfant, ma mère ne cessait de me répéter : « Arrête avec tes mensonges. » J’inventais si bien les histoires, paraît-il, qu’elle ne savait plus démêler le vrai du faux. J’ai fini par en faire un métier, je suis devenu romancier. Aujourd’hui, voila que j’obéis enfin à ma mère : je dis la vérité. Pour la première fois. Dans ce livre. Autant prévenir d’emblée : pas de règlement de comptes, pas de violence, pas de névrose familiale. Mais un amour, quand même. Un amour immense et tenu secret. Qui a fini par me rattraper ».

Cet homme a écrit un important nombre de romans, et il a fallu que je commence par sa première autofiction. Arf cela ne va t-il pas être ennuyeux? J’ai repris ma lecture. Je l’ai fini en deux jours.

Une histoire d’amour

En trois chapitres, l’auteur décrit son premier amour. Ce qui s’est passé en 1984. La rencontre en 2007 qui a fait resurgir ce fantôme du passé (suite de la scène introductive). Et enfin en 2016 le dénouement de l’histoire. L’identité de l’auteur semble s’être fortement construite grâce et autour de cette rencontre. Elle a manifestement défini et alimenté une grande partie des héros de ses romans.

Le sujet parait d’une grande banalité. Mais l’écriture est tellement belle qu’elle vous accroche. Les mots sont choisis avec une grande justesse. Sans interprétation possible. Les sentiments sont livrés sans filtres ni pudeur. Deux personnes d’une grande sensibilité qui vivent leur différence de façon diamétralement opposée. L’une en se cachant. Et l’autre d’une grande lucidité sur ce qui la définit, n’ayant jamais effleuré l’idée de pouvoir se comporter autrement qu’en étant pleinement comme elle est. Cette lucidité lui apportant une immense force intérieure. Contribuant certainement à cet exposé blanc et sans nuance des événements tels qu’ils ont été, vécus et ressentis. Si je m’étais renseignée sur le sujet du livre je ne l’aurai probablement jamais lu. Fort heureusement je ne m’étais pas renseignée, et j’ai pu découvrir cet auteur. Je lirai certainement ses romans, maintenant que je suis mordue de son style.

 

Cela faisait une éternité que je n’avais pas lu un livre aussi bien écrit. C’est pourtant assez rare que je fasse autant passé le contenu de l’histoire au second plan. En général je m’attache davantage à l’histoire et pardonne aux auteurs un style maladroit du moment que l’intrigue est palpitante. Ici ce fut le contraire, et ce fut une parenthèse littéraire agréablement surprenante.